Helen Simonson – L’été avant la guerre

Rye,_Mermaid_Street

1914. Beatrice Nash est une jeune femme orpheline recueillie par une acariâtre tante, qui n’a d’autre préoccupation que d’envoyer sa nièce loin d’elle. Aussi, quand elle apprend que le village de Rye, au sud de Londres, entre Hastings et Folkestone, recherche une professeure, l’occasion est parfaite. Sa malle bouclée, Beatrice, jeune femme célibataire qui rêve de devenir écrivain – ambition fort mal perçue dans la société conservatrice de l’époque – part pour un long voyage vers l’inconnu, qui l’inquiète d’abord plus qu’il ne la réjouit. A son arrivée, elle est accueillie par Agatha Kent et ses deux neveux : Hugh, le sage étudiant en fin de cursus de médecine, et le fougueux Daniel Bookham, poète dans l’âme que son oncle John préférerait voir suivre les ambitions professionnelles qu’il envisage pour lui. Un trio plutôt chaleureux, duquel Beatrice se retrouve malheureusement séparée. En effet, c’est dans une chambre chez l’antipathique Mme Turber qu’on lui propose de prendre ses quartiers, quelques semaines avant la rentrée. Sa vie se met en place en même temps que les premiers différends, que Beatrice découvre avec le lecteur. Dans un village où tout le monde se connait, où les ragots vont bon train et où chacun a un avis sur tout, l’attitude de Beatrice est scrutée à la loupe. Son poste fait des envieux, mais elle peut compter sur le soutien sans faille d’Agatha et ses neveux. Un tas de péripéties plonge le lecteur au centre de ce village, qui vit au rythme des commérages et des petits problèmes. Mais ce joyeux tableau s’assombrit de jour en jour à l’approche de la guerre. L’anxiété d’être réquisitionné, de voir ces enfants, maris, élèves quitter le village étouffe l’atmosphère. On a beau dire que ce ne sera pas long, et que l’on a envie de s’engager, qu’il faut défendre sa patrie, au fond, tout le monde le sait : à la guerre, on sait quand on y part, mais on ne sait pas si l’on en reviendra un jour. Une douloureuse perspective qui ouvre les yeux sur les sentiments et liens réels qui animent les protagonistes de cette fresque de l’Angleterre édouardienne.

Si j’ai parfois trouvé le récit mal équilibré – quelques longueurs au milieu, et, en revanche, une fin un peu rapide – j’ai passé un bon moment avec ce livre, qui réunit tout ce que j’aime : gentry, humour british, coquetteries, tea times, histoire d’amour et de mœurs, dans une Angleterre édouardienne désuète. Mon seul bémol : le titre, qui m’avait laissé penser que plus de place serait accordée à la partie sur la guerre, dont le récit n’arrive finalement qu’en fin de roman.

J.S

Helen Simonson, L’été avant la guerre, aux éditions 10/18, 672 pages

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